Si quelqu'un t'a offensé, ne cherche pas à te venger. Assieds-toi au bord de la rivière et bientôt tu verras passer son cadavre*
I'm a daoist!!!
Même pas moi qui le dis, c'est le prof de Asian Culture & Civilisation qui nous parle des religions en Chine cette semaine, Mr DuBois (dont la page web reflète assez bien le personnage). Donc ce matin, le cours portait sur le taoïsme (ou daoïsme, de toute façon ça s'écrit en chinois normalement, le "daodejing", qui signifie "the way to power") qui est la philosophie/religion incarnée par Lao Tseu (ou Lao Zi, même remarque), l'auteur de la jolie citation qui sert de titre à ce post.
Pour faire bref, et d'après ce que j'ai compris: autant le confucianisme est basé sur le respect de l'ordre et de la hiérarchie (avec un mot d'ordre qui pourrait être résumé par "shut up and listen"), autant le taoïsme repose sur un certain fatalisme dont les principes sont :
- le "wuwei": il ne sert à rien d'essayer, de forcer le cours des choses, d'aller à l'encontre des lois de l'univers. Par exemple, si tu tombes dans une rivière, ne résiste pas et laisse-toi porter par le courant car tu ne sais pas si ce qu'il y a en amont est mieux pour toi que ce qu'il y a en aval. (Alors que le disciple de Confucius dirait de nager pour ne pas mourir).
- le "dao": c'est à peu de choses près le "tout est relatif". Il n'y a pas de beau ou de laid, de bon ou de mauvais, tout est artificiel, rien n'a d'autre sens que celui qu'on lui donne. Toutes les différences sont relatives, fausses, et le seul moyen de les surmonter est de se rendre compte qu’elles ne sont pas réelles et qu’elles n’ont en réalité aucun pouvoir sur nous. Bon, en gros, le taoïsme, c’est la Matrice. Illustration par l’histoire du papillon : « Tiens, hier j’ai rêvé que j’étais un papillon… Mais attends, qui me dis que je ne suis pas en réalité un papillon en train de rêver que je suis un homme ? ». Pas étonnant que les hippies aient été fans de taoïsme…
Une petite histoire pour éclairer ce concept : celle du cuisinier Ding. Ding était un cuisinier qui n’a jamais eu besoin d’aiguiser son couteau. Pourquoi ? Parce si un mauvais cuisinier coupe les os (et use son couteau), si un bon cuisinier s’attaque uniquement à la viande, si un très bon cuisinier découpe la viande dans le sens de la longueur, un super cuisinier comme Ding ne coupe la viande que lorsque celle-ci a envie d’être coupée (et donc le couteau et la viande sont en parfaite harmonie, la viande ne résiste pas et le couteau ne s’abîme pas). Voilà, il suffit d’attendre le bon moment… (Une autre interprétation plus pointue de l’histoire par là.)
Et si l’exemple-type du confucéen était un homme propre sur lui, en costume, les cheveux courts, alors le taoïste serait un anarchiste qui aurait… ma tête !!! (mes cheveux en tout cas… merci M. DuBois !)
*Lao Zi.