10 août 2006
Fêtenat
Hier, à Singapour, c'était les 41 ans de l'indépendance de Singap, la fête nationale donc... Ce qui me fait penser à cette blague Carambar, des Antillais appelant leur enfant né un 14 juillet "Fêtenat" parce que c'était écrit dans le calendrier... Mais revenons à nos moutons singapouriens. "Moutons" est bien le mot, tant le comportement des citoyens de cette belle île n'a pas fini de m'étonner. J'ai eu une place pour la parade: le National Day Parade, au stade de Singapour. Impossible d'avoir des places en tant normal: les 55 000 places du stade sont attribuées par tirage au sort parmi les citoyens singapouriens qui en font la demande. Etant arrivé ici il y a un mois, et n'étant pas singapourien, on peut dire que j'ai eu de la chance d'avoir un billet. Les relations (le guanxi, en mandarin:-)... Bref, toujours est-il que nous nous sommes rendus au stade pour la dernière parade dans ce stade, qui va être prochainement détruit pour laisser place à un nouveau. Nous étions de rouge et de blanc vêtus, aux couleurs de Singapour, comme tout le stade d'ailleurs... T-shirt rouge, pantalon blanc.
Un rapide calcul: 55 000 personnes, sur une population de 4 000 000 d'habitants... presque 1 singapourien sur 72 était là (oui, je calcule bien:-). En rouge et blanc. Pas mal, quand même.
L'organisation est un mot important à Singapour. Rien n'est laissé de côté. A peine arrivés (et contrôlés deux fois), deux bonnes heures avant le début de la parade, on nous remet une petite sacoche aux couleurs de Singapour. Tiens, une surprise! Dedans, plein de choses: à manger, à boire, une casquette avec un petit drapeau de Singapour qui clignotte, une lampe de poche en forme de téléphone Nokia pour quand il fera nuit, un mini-ventilateur (parce qu'il fait chaud quand même), des magazines sur Singapour, des bons de réductions pour des magasins locaux, un drapeau bien sûr, un petit baume à appliquer sur son front en cas de mal à la tête... bref, tout plein de petites choses inutiles. Et au milieu de tout ça, un sac en plastique. Avec un numéro. Et là, je découvre avec stupeur le stratagème des autorités pour éduquer leurs concitoyens: il faut jeter son sac plastique plein de détritus dans les poubelles à la sortie, pour gagner un prix! le tirage au sort aura lieu dans la semaine, la liste des gagnants sera publiée dans le Straits Times (LE quotidien de Singap). En fait, je trouve ça bien: ludique et éducatif...
Avant que les militaires n'arrivent, les quatre présentateurs télé les plus en vogue de Singap (ils travaillent tous pour Mediacorp. bien sûr, et il y a même mon ami de Singapore Idol:-) mettent de l'ambiance dans le stade: les gens applaudissent, font du bruit, la ola... et des artistes chantent... mais il faut l'entendre pour le croire. Extraits (en anglais dans le texte): "Can you see and agree that everyone should be free?.. (...) Absolutely everybody needs love in their life (...) One love, one heart, one life, with each other sisters and brothers (...) A land of peace, grace and beauty, this is my home, my future and will always be a part of me"...(...) This is my country, these are my friends, we are Singapoureans"... Waouh... et tout le stade chante... c'est vraiment le monde des bisounours ici...
Les députés arrivent. Les ministres ensuite (et avec eux, Lee Kwan Yew, l'ancien premier ministre, qui a fait de Singapour ce qu'elle est ajourd'hui). Puis son fils, le Premier ministre (si, si, Singapour est une démocratie et une république), dans sa Mercedes blanche, escorté par cinq motards. Et enfin le président, pour lequel il faut se lever, dans sa Mercedes blanche aussi, mais avec huit motards (parce que bon, quand même, c'est lui le président).
Après quelques chants et spectacles aux allures d'"Intervilles" (souvenirs d'enfance, étés à la mer avec la télé le soir...), la parade militaire commence. C'est assez impressionant. Singapour a une armée forte. Très forte. "We're surrounded by Muslim countries" me répond ma voisine, quand je lui demande pourquoi. Des parachutistes rouges atterrissent dans le stade, après avoir fait des figures au-dessus de nos têtes, tels de petits insectes. Des avions et hélicos de combats survolent le stade. Les Singapouriens sont émus.
Et puis après quelques spectacles encore, des feux d'artifices. Magnifiques, mais très courts. Tout le monde se lève. La main sur le coeur. Et tout le monde récite "the pledge", "je jure de faire de Singapour un lieu de bonheur, de prospérité et de progrès"... Tant de patriotisme m'émeut. C'est très bizarre comme impression, ça sonne très faux pour moi, petit Français. Le président s'en va, il faut lui souhaiter bonne nuit! "Good night Mr President" défile sur les écrans géants. Et avant qu'il s'en aille définitivement, dans sa Mercedes blanche, escorté par ses motards, chantons encore une fois tous ensemble "Happy Birthday to you, Singapore!"
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