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Images et Impressions d'un Cosmopolite
23 septembre 2006

Un conte de Rosh Hashana...

grenadeCe soir, le peuple juif passe en 5767... waouh... C'est en famille que l'on passe le nouvel an, traditionnellement, mais pour la deuxième fois consécutive, je me trouve loin des miens. Certes, ma soeur est venue à Singapour, et c'est un bout de chez moi qui est là. Mais ça n'est pas toute la famille. Cependant, notre Rosh Hashana singapourien s'est passé comme à la maison: invités et chaleureusement reçus par des expats, ambiance familiale et détendue, fruits et légumes traditionnels (avec traditionnel abus sur la grenade, et découverte de son association douce et fruitée avec la fleur d'oranger, en voilà une bonne idée! maman, si tu me lis...) et cuisine judéo-marocaine, retrouver ses racines le temps d'un repas, ça fait du bien! C'est beau, une belle table... Ce qui me fait penser que l'année hébraïque dernière, jour pour jour, le premier soir de l'an 5766, j'étais sur l'île de Djerba, en Tunisie, au Club Med dans le cadre d'une formation à l'audit (oui, je sais, pas très funky, l'audit, mais deux semaines de formation au Club Med sous le doux soleil de la fin de l'été tunisien...). Pas très pratique pour fêter le nouvel an en famille. Alors comme il reste quelques centaines de juifs à Djerba, j'ai demandé à un taxi de me déposer dans leur quartier, qui s'appelle Hara Kebira et qui se trouve assez loin de la plus grande et connue synagogue de l'île, la Ghriba, plus vieille d'Afrique du Nord (et deuxième plus vieille au monde toujours en activité après une synagogue de Jérusalem). ghribaBien évidemment, je ne connaissais personne sur place. Bien évidemment, quand je débarque en taxi dans leur quartier, les jeunes juifs réunis dans la rue m'observent tous étrangement: qui est cet intrus qui pénètre dans notre quartier en voiture le soir de Rosh Hashana? Je deviens très vite l'attraction de la rue. Un d'eux parlant français me demande ce que je veux. Passer le premier soir de Rosh Hashana dans une famille locale. Les autres ne parlent qu'arabe ou hébreu. Je ne comprends ni l'un ni l'autre. Une femme sur le seuil de sa porte demande en arabe qui je suis. Et m'invite à dîner chez elle. J'accepte avec joie. Elle m'offre un café saumâtre. En attendant que son mari rentre de la syna. On entre dans la maison par la cuisine, petite mais utile. La salle principale, qui sert à la fois de salle à manger et de chambre, est très pauvrement décorée: quelques photos de Jerusalem et de rabbins aux murs, quelques meubles en bois. Les jeunes enfants me regardent et sourient. Le père rentre de la syna et me salue. Je ne comprends rien à ce qu'ils se disent, ils ne comprennent pas mon français. Alors on communique par gestes, et grâce aux rares mots de français qu'il maîtrise et aux quelques mots hébraïques que j'ai assimilés... Le kiddoush est fait avec du vin qui est remis dans sa bouteille juste après. Le repas est composé d'un plat unique, riche et épicé, avec de la viande. Ils me servent en premier, et veulent me donner les plus beaux morceaux. Je suis vraiment gêné. Les sept enfants m'observent, deux d'entre eux jouent aux mikados avec des fourchettes. Ca me fait trop de peine. Ils n'ont rien, et m'accueillent comme si j'étais leur fils, alors qu'ils ne me connaissent de nulle part. J'ai simplement atterri dans leur quartier quelques instants plus tôt, et il se trouve que je suis juif. Je suis trop ému. Au moment de partir, la femme m'oblige à prendre des gâteaux au miel qu'elle a faits. Je me sens mal, tant de générosité me bouleverse. En sortant de chez eux, j'ai appelé mes parents. Puis j'ai pleuré. Oh, je sais que je n'arrive pas à transmettre l'émotion ressentie à ce moment là, mais rien qu'en y repensant j'ai la gorge nouée. La générosité, pure et gratuite, ça existe encore, et je l'ai découvert il y a tout juste un an... Merci les Mamou...
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Commentaires
G
j'étais censée partir lundi pour rentrer "à la maison", justement... Et puis j'ai dû annuler, les aléas de ma vie perso, on va dire.<br /> Et Noël ce n'est pas la bonne période pour prendre des vacances pour moi cette année, sans compter que le billet est hors de prix ! (oui oui, tout ça c'est des excuses nulles !)
M
de kuala terengannu (encore en malaisie, mais retour a singap pour kippour et renaissance du blog dans 2 jours;-):<br /> <br /> -> Papa: encore une fois merci... j aime toujours autant tes petites phrases, et ces rengaines que tu nous as inculquees a force de nous les repeter... toute la philo que tu lis et que tu vis, il faut bien nous la transmettre, et tu le fais de telle sorte qu on ne s en rend meme pas compte (non, mon papa n est pas prof de philo, mais il a plein de belles phrases comme ca;-)<br /> <br /> -> Ge: merci beaucoup, et bienvenue dans la famille alors;-) je serai plus explicite qusnd aux traditions juives les prochaines fois que j en parlerai, mais voila, tu as compris que Rosh Hachana etait la nouvelle annee, et que bonne annee se dit "chana tova"... merci pour ta pensee, et je te souhaite d aller a tahiti passer noel des que possible (et pourquoi pas cette annee d ailleurs?;-)
G
J'ose à peine m'immiscer dans ces si jolies commentaires, et puis en plus je ne connais vraiment rien aux traditions hébraïques...<br /> Mais je voulais juste te souhaiter de passer de bonnes fêtes et te dire que j'avais une petite pensée pour toi parce que je sais aussi ce que c'est de passer les fêtes loin de sa famille (les miens vivent à 20 000km... On n'a pas dû passer Noël ensemble depuis... 10 ans ?)<br /> Bon,comme je ne sais pas ce qu'on dit dans ces cas-là, je vais juste te souhaiter une bonne année :)
P
Que d'émotion, que d'émotion ! Quand on rencontre la vraie générosité pure et sans calcul alors c'est vrai on est remué, bouleversé. Cette rencontre, c'est comme l'amour (ou le malheur aussi parfois), ça vous vient brutalement , ça vous gifle sans qu'on soit prêt sans qu'on réalise tout de suite. Un an après, dix ans après cette émotion restera la même. La seule chose qui vaille c'est la bonté et la générosité.(Cf d'Albert Cohen -le livre de ma mère)<br /> Moi, j'étais chez Sonia ta tante lorsque tu nous a appelé et que tu nous a raconté avec une voix trmblante d'émotion cette réception inouïe chez les Mammou, et je me rappelle avoir senti la force de cet évènement, j'ai dit "mon fils du 21 ème siècle fait une rencontre avec le19ème " mais la rencontre du coeur n'a pas d'age.. Tu nous manques , tu nous a piqué lit sist mais on est si heureux de vous savoir entrer dans la vie à pleines dents.Je vous aime comme on ne peut plus !
M
de Jerantut en Malaisie: voila pourquoi je tarde a repondre, mais je le ferai de maniere plus complete a mon retour a la vie singapourienne, dans une petite semaine:<br /> -> Almost parisian, je ne saurai te remercier pour ton comment, tu SAIS combien j aime comment tu ecris, comment tu m ecris, merci pour cette description, avoir un point de vue exterieur est genial pour moi, je en savais pas que ce moment t avait touchee, merci en tout cas, merci... leplus beau cadeau que tu pouvais me faire pour cette nouvelle annee...<br /> -> Merci Tiphaine, et content de te voir de retour, apres ce demenagement (eprouvant?;-)<br /> -> merci tatie Soso, et shana tova a tout le monde (et j aurais 2 nouveaux petits cousins cette annee, et tu deviendras grand mere...;-)
Images et Impressions d'un Cosmopolite
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