Journée en quatre temps

Premier temps. On pose les bases, on profite d’une averse pour faire des plans au Milfrutas et on mange vite et sain au New Natural.

Zweig est mort ici, au Brésil. Ses illusions perdues depuis longtemps et ses derniers espoirs éteints par le gouvernement. Contraint de faire ami ami avec Vargas le dictateur, alors qu’il fuyait justement l’Europe des dictatures. Pour finalement se suicider, puisque tous ses amis allaient mourir. Zweig plie moins qu’Orson Welles et ses angoisses finissent par le rattraper. « Le Brésil, terre d’avenir » ? Pas tant que ça, en fin de compte.
Deuxième temps. Estação Paissandu. Dans la rue des palmiers parallèles, le maître autrichien s’éteint deux fois par jour. A 14h45 et à 19h30.

Les salons du livre m’ont manqué cette année. Ces foires aux bonheurs où chaque recoin attire le regard et chaque ouvrage réclame une attention. Feuilleter, survoler, caresser, admirer. Retrouver, s’étonner, réclamer, s’émerveiller. Ce soir c’était l’inauguration du salon du livre de la jeunesse de Montreuil Rio. Sans invitation, un sourire suffit parfois. On découvre les nouveautés de stand en stand, et les petits fours circulent entre professionnels du livre. Pas de dédicaces ce soir.
Troisième temps. Tistou les pouces verts vient d’être traduit et Charlie se cache encore mieux que chez nous : ici, il s’appelle Wally.

Quatorze danseurs sur scène. Les tenues sont asymétriques, comme les mouvements. Ils bougent par deux, trois, quatre, ou tous ensemble. La désynchronisation donne un effet moderne et attrayant, et les mélanges de genres musicaux s’enchaînent à merveille. Sur scène, ce sont de petites scènes : tout le monde s’active en même temps et chaque partie attire l’œil. Ballet contemporain au Teatro Municipal, spectacle américain de « Complexions ».
Quatrième temps. Chacun son moment de gloire. D’abord en rouge, puis en vert, puis en jaune. Et le chorégraphe, vêtu tel un styliste en fin de défilé, jean veste et lunettes carrées, de monter sur scène pour saluer et remercier.