« La forme supérieure du mensonge, c’est la statistique. »*
70% de la population brésilienne serait illettrée. Parmi ceux-là
figurent ceux qui savent lire mais pas assimiler ce qu’ils ont
lu. (Et moi qui m’extasiais devant le niveau de lecture / culture
local !)
9% de la population active du Brésil serait actuellement au
chômage. Il est vrai qu’en créant des emplois pas forcément nécessaires
(tel qu’appuyeur de bouton dans l’ascenseur), on réduit plus facilement
l’inactivité.
Parmi ceux qui ont un emploi, 80% font partie de
l’économie informelle : ils ne paient pas d’impôts, ce sont les
innombrables marchands de rues, de plages, qui vendent tout et
n’importe quoi (du popcorn aux semelles, en passant par les livres et
les parapluies).
25% de la population de Rio vivrait dans les favelas. C’est-à-dire sans égouts, parfois sans eau potable ou électricité.
20% de la population carioca vivrait dans la rue, sans domicile fixe comme ont dit pudiquement.
45% de la population de la Cidade Maravilhosa n’aurait donc pas accès à une hygiène basique.
Alors, comment interpréter ces chiffres pour le moins surprenants que l'on m'a donnés aujourd'hui ? On peut venir à Rio et ne rien voir de tout ça. Bien sûr, il y a quelques clochards, mais ça ne choque pas forcément plus qu’à Paris ou New York. Bien sûr, les favelas sont visibles d’un peu partout puisqu’elles dominent la ville, mais ce sont des lieux que les touristes évitent soigneusement. Evidemment, on peut faire dire ce que l’on veut aux statistiques, il suffit de donner une interprétation qui tienne un peu la route (et encore…). Il reste que Rio est bel et bien une ville d’inégalités flagrantes qu’on a légèrement tendance à oublier quand on ne vit que dans les « beaux quartiers »…
Remarquez, c’est pareil dans le monde entier : vivre à Neuilly ou dans l’Upper East Side n’est pas le meilleur moyen d’obtenir un reflet exact de la société parisienne ou new yorkaise…
*Benjamin Disraeli, Premier Ministre britannique de 1868 à 1880.