Alcântara ou la magie des vieilles pierres
Sous ce nom d’origine arabe se cache un carrefour. Embouchure de fleuve, haut lieu de passage et de commerce dès le XVIème siècle, cette ville en face de São Luis, sur le continent (à une heure de bateau de l’île), a été riche et florissante. En témoignent les si nombreuses maisons en ruines, parfois couvertes d’azulejos, qui appartenaient toutes à des barons. Car la prospérité de la ville, ancienne capitale de la région nord du Brésil, s’est faite sur le dos des esclaves. Ils avaient bon dos, les esclaves, pour le sucre, le bois et le coton. Et dès qu’ils ont obtenu l’abolition en 1888, Alcântara a sombré dans un déclin salvateur qui lui a conféré son charme d’aujourd’hui : vieilles pierres moussues, rues pavées recouvertes d’herbe, façades abandonnées, ânes errants, vieux accroupis sur les seuils et enfants dans la rue…
Le village est en hauteur, la mer est partout, et la végétation du Maranhão avance sur la plage. A marée basse, le sable est recouvert de milliers de petits crabes qui s’agitent et donnent sa couleur au guára, l’oiseau qui fait la fierté du lieu. Il faut dire que l’ibis rouge dénote dans le paysage marin : sa teinte fluo, acquises à force de manger les fameux petits crabes, le rend facilement repérable et d’autant plus impressionnant… (Regardez bien sur la photo!)