Bundas até o chão
Libé a publié un article sur les baile funk vendredi dernier. Des « bals » de funk carioca, la musique des favelas. Depuis le temps que j’avais envie d’aller voir à quoi ça ressemblait… Tous les dimanche soirs, au Castelo das Pedras, dans une banlieue de la zone ouest de Rio, a lieu « le meilleur baile funk du Brésil ». C’est eux qui le disent, en tout cas c’est l’un des plus connus, ça c’est certain. Et un des plus safe aussi, étant donné qu’il est situé dans une favela « tranquille », à savoir contrôlée par des milices qui interdisent l’entrée de toute drogue (et comme chacun sait, ce sont les trafiquants qui sont la principale cause d’insécurité des favelas cariocas). Contrairement au film La Cité de Dieu, pas d’armes ici. Ce qui fait que les gringos s’y rendent en masse, appâtés par les agences contingentes à leurs auberges de jeunesse copacabanesques. Ils sont facilement repérables, beaucoup de blonds, des têtes de backpackers (il y a un style aisément reconnaissable), et tous ont leur petit bracelet autour du poignet, précieux sésame qui leur permet de squatter l’espace « VIP » au premier étage, que la plupart ne quittent d’ailleurs pas de la soirée. Danser, ok, mais se mêler à la populace brésilienne, nan…
Du haut de la scène, le DJ déchaîne la piste : les filles en mini-jupes se déhanchent d’une manière assez sexuelle, descendant leurs fesses jusqu’au sol (d’où l’expression « bundinhas até o chão », littéralement « petits culs jusqu’au sol »), sous le regard des mecs, torse nu, grosse chaîne autour du cou, baraqués et tatoués, qui eux aussi ondulent sauvagement leur bassin. Les jolis petits minois apprêtés d’Ipanema sont loin d’ici. Au milieu de la nuit, un concours de danse est organisé sur la scène. Les rythmes sont rapides et saccadés, et le hangar ne désemplit pas avant 5 heures du matin. Sous les pluies d’étincelles et dans l’euphorie de la bière bon marché, les favelas s’oublient et se renouvellent…